Le projet « Petit-Collège Ste Thérèse
Le projet « Petit-Collège-Sainte-Thérèse-de-l’enfant-Jésus » est un projet de la Province de Paris des frères Carmes Déchaux. Avon est l’emplacement idéal pour ouvrir cet institut de formation pour jeunes garçons de familles aisées. Le couvent des Carmes est un ancien hôpital, reconverti en séminaire et école au XIXème siècle. Les bâtiments existants permettent d’accueillir ce projet sans trop d’aménagement.
Pour ce projet, le Père Jacques de Jésus est l’homme de la situation. Les frères connaissent son parcours d’éducateur au Havre, son attachement aux enfants. Ils lui confient ce projet en mars 1934, sachant qu’il saura mettre ses qualités et talents au profit de cette école.
Le 2 octobre 1934, le Petit-Collège-Sainte-Thérèse-de-l’enfant-Jésus ouvre ses portes. Son directeur est le Père Jacques. Il y a trois classes ouvertes à cette rentrée (6ème, 5ème et 4ème) et 32 élèves inscrits. Dès l’ouverture, le succès est fulgurant : une classe est ouverte chaque année ! En 1936 un premier agrandissement est indispensable : 4 nouvelles salles de classe, un laboratoire de physique-chimie, une nouvelle salle d’étude, un réfectoire et des nouveaux bureaux sont aménagés. Un second agrandissement est nécessaire en 1939 : une nouvelle aile, perpendiculaire à l’ancienne est construite. Cette aile comporte une chapelle, des bureaux, une nouvelle salle.
Le début de la guerre interrompt cet élan. Le Père Jacques est mobilisé et le Petit-Collège ferme temporairement ses portes. Durant six mois en 1940, une garnison allemande s’installe dans les locaux avant de les libérer en décembre. Dès janvier 1941, l’établissement accueille une quinzaine d’élèves. Pour la rentrée d’octobre 1941, ce sont près de 85 élèves qui sont présents. La pédagogie du Père Jacques est très appréciée, et l’âme qu’il a donné à l’institution brûle avec force.
Pédagogie et vie quotidienne
Elle se résume en une phrase : « Somme toute, collège moderne, eau, gaz, électricité et Père Jacques à tous les étages ».
Nourri de la pédagogie scoute qu’il a découvert au Havre en étant aumônier d’une troupe, de son expérience au séminaire, il souhaite donner un climat particulier au Petit-Collège. Il demande que l’institution avonnaise continue la famille avec un objectif clair : « le but de ton éducation humaine doit être la sainteté ». Un programme révolutionnaire pour les années 1930. Cette pédagogie renouvelée allie un dépassement de soi-même et une liberté façonnée par la présence de Dieu, l’exigence et la rigueur avec un profond humanisme et une foi intense. De son expérience au Havre, il souhaite ouvrir de larges horizons à ses jeunes pensionnaires et donner le goût du travail afin qu’ils poursuivent le travail entamé durant leurs années au Petit-Collège. Des sorties en forêt (messes, randonnées, camps, etc.), des activités de plein air, sorties culturelles en Île-de-France, à Paris et ailleurs, et conférences diverses ponctuent les semaines au Petit-Collège et viennent compléter le curriculum proposé. Aux « grands », à partir de la 4ème, il désire leur « enseigner le souci de vivre intensément chaque instant sans se perdre dans l’oisiveté, le sens de la difficulté et la soif d’une vie rude » (Sœur Christiane Meres, Jacques de Jésus, homme de prière et frère au Carmel
Toutes ces exigences passent par la confiance réciproque établie dans les relations, tant entre camarades de classes, qu’entre élèves et professeurs, et professeurs entre eux. Le Père Jacques y veille : il forme autour de lui une équipe unie où chacun trouve sa place pour atteindre l’objectif fixé.
« En prenant ses élèves de la main des parents, l’éducateur les adopte pour ses enfants, et si cette adoption est vraie, sincère et profonde, un courant d’affection réciproque s’établit du maître aux élèves qui a tôt fait d’achever de persuader l’élève que son collège continue sa famille. »
(En famille, janvier 1935)
« L’enfant doit sentir chez son éducateur ce respect vrai et profond de sa liberté ; à l’occasion même, l’éducateur insistera pour l’enfant prenne une conscience plus nette de sa liberté. »
(En famille, février 1943)